La Politique de Clustering
Comment se sont développées ces structures ?
1999 / 2000 : Initiation
En 1990, dans son ouvrage The competitive advantage of nations, l'économiste américain Michael Porter met en évidence la présence, au sein de différentes régions du globe, de pôles d'activités performants au niveau international (clusters), pôles qui reposent sur quatre déterminants stratégiques qui se renforcent les uns les autres. Ce que Porter appelle le diamant est composé des facteurs de production, des conditions de la demande, de la rivalité et des stratégies des entreprises du secteur, et enfin de secteurs d'activités connexes performants.
Dans le courant de la décennie, les publications de Michael Porter vont assurer une large diffusion du concept de cluster aussi bien dans les milieux académiques que politiques. Au départ des théories de PORTER ont très vite fleuri à travers le monde des initiatives privées et publiques pour soutenir des clusters régionaux ou nationaux (Pays Basque, Ecosse, Flandre, etc.).
Et au niveau wallon?
La structure du tissu productif wallon (poids de l'industrie traditionnelle, faible dynamisme entrepreneurial) n'a pas favorisé l'éclosion naturelle de clusters.
Dès 1999, les premières réflexions autour du concept de cluster ont mûri au sein de l'administration (Direction de la Politique Economique) à la faveur de la préparation des stratégies de développement régional 2000-2006 cofinancées par les fonds structurels.
En janvier 2000, le Gouvernement wallon plaçait le soutien à l'émergence de Réseaux d'entreprises parmi les mesures prioritaires du Contrat d'Avenir pour la Wallonie, marquant par là sa volonté de susciter la coopération et les partenariats entre entreprises wallonnes, tant PME que Grandes Entreprises.
Dans le même temps, des actions de sensibilisation et de soutien au clustering étaient reprises au sein des programmes 2000-2006 du phasing out Objectif 1 (Hainaut), Objectif 2 urbain (Liège) et Objectif 2 rural (Namur et Luxembourg).
Une étude pour répondre au "Pourquoi?" et au "Comment?"
En juillet 2000, après la première analyse de faisabilité réalisée par l'administration, le MERIT (Université de Maastricht) et Ernst & Young France déposaient un rapport ( - 550kb) commandité par le Ministre de l'Économie et la Division de la Politique économique. Ce rapport a permis à la fois de confirmer l'intérêt du concept de cluster auprès d'un large panel d'industriels (6 secteurs représentatifs de l'économie régionale), de l'adapter à la réalité wallonne et, in fine, d'identifier comment la Région pouvait soutenir ces Réseaux d'entreprises.
2001 / 2005 : La phase expérimentale
Projets pilotes
S'inspirant des conclusions du rapport MERIT / Ernst & Young, il a été décidé de lancer une phase expérimentale de soutien à l'émergence de Réseaux d'entreprises.
Au total, 12 Réseaux d'entreprises ont été soutenus par la Région depuis 2001, leur lancement s'étant produit en trois phases :
- en 2001 et 2002, les clusters Aéronautique, Auto-mobilité, Bois et Biotechnologies de l'agroalimentaire ;
- en 2003, les clusters Recherche clinique, Céramiques et Espace ;
- en 2004, les clusters Déchets solides, Transport & Logistique*, Nutrition*, TIC* et Eco-construction*. (* Ces 4 réseaux sont une résultante des actions de sensibilisation à la dynamique de réseau qui ont été menées dans les zones phasing out Objectif 1 (Hainaut) et Objectif 2 (provinces de Liège, Namur et Luxembourg) durant la période 2000-2003, avec en corollaire l'accompagnement de projets de clusters.)
Evaluation intermédiaire
En 2004, pour le compte du Conseil Economique et Social de la Région Wallonne (CESRW), le bureau d'études MERIT a procédé à une évaluation indépendante du programme expérimental.
Parmi les quatre premiers Réseaux d'entreprises pilotes analysés, deux ont été évalués très favorablement (Aéronautique et Auto-mobilité) tandis que les deux autres expériences (Bois et Biotechnologies dans l'agroalimentaire) ne s'avéraient pas concluantes : masse critique trop limitée, impacts faibles, absence de vision à long terme, etc. Logiquement, à partir de fin 2004, la Région Wallonne a décidé de ne plus poursuivre son soutien à ces deux projets pilotes.
Plus fondamentalement, le rapport du MERIT ( - 634kb) évaluait positivement la phase expérimentale de clustering menée depuis 2001 et recommandait sa poursuite moyennant une série d'améliorations :
- mise en place de bases légales indispensables au bon fonctionnement du programme dans la durée ;
- maintien du principe de dégressivité du financement public ;
- sélection des initiatives les plus porteuses sur base d'un processus transparent et objectif ;
- évaluation indépendante de chaque cluster après 2 ou 3 années de fonctionnement.
2005 : Naissance des Pôles de compétitivité
Au sein de l'économie mondiale, on assiste à l'émergence de nouvelles tendances de marché, dont notamment l'internationalisation des échanges et des processus de production et l'avènement d'une économie de la connaissance.
Cette évolution qui exacerbe la concurrence entre entreprises désigne la recherche et l'innovation comme nouveau levier de compétitivité et donc de croissance.
La politique des Pôles de compétitivité s'inscrit dans la volonté de réaffirmer la Wallonie comme un espace industriel compétitif à l'échelle mondiale, elle se veut une politique industrielle prospective concentrant des moyens importants dans des domaines économiques porteurs de croissance et d'emplois. Le rayonnement de ces Pôles de compétitivité doit dépasser les frontières de la Région pour
- viser une taille critique à l'échelle européenne voire mondiale
- constituer un moteur pour les exportations
- attirer les investisseurs étrangers sont particulièrement sensibles aux lieux riches en externalités notamment en recherche & formation mais aussi sociales. C'est aussi une chance d'attirer les compétences et les cerveaux particulièrement recherchés dans une économie de la connaissance et du savoir.
Pour impulser cette politique, la Région wallonne a sélectionné 5 domaines prioritaires et performants sur base d'une étude réalisée par le Prof. Henri Capron (ULB) : les sciences du vivant, l'agro-industrie, le génie mécanique, le transport-logistique, l'aéronautique-spatial. Ces domaines correspondent à une activité en plein développement dans le monde et dans laquelle la Wallonie dispose d'entreprises et de centres de recherche performants.
2006 / 2007 : Pérennisation de la politique de soutien aux Réseaux d'entreprises
Les leçons tirées de la phase expérimentale, renforcées par l'évaluation indépendante menée par les experts du MERIT, ont donc conduit la Région Wallonne à pérenniser sa politique de soutien aux Réseaux d'entreprises, tout en lui apportant les améliorations nécessaires. Cette volonté est inscrite dans le "Contrat d'avenir pour les Wallonnes et les Wallons" (février 2005) et le Plan Stratégique Transversal "Création d'activités et d'emploi" (août 2005).
La politique de clustering dispose à présent de sa propre base décrétale : le décret relatif au soutien et au développement des réseaux d'entreprises ou clusters ( - 996kb) voté par le Parlement wallon le 18 janvier 2007, complété par l'Arrêté d'exécution ( - 738kb) adopté par le Gouvernement wallon le 16 mai 2007.
Cette base légale définit :
- une procédure de sélection transparente visant à retenir les initiatives les plus porteuses ;
- le caractère dégressif du financement public (par périodes de 3 ans : 100%, 80% puis 50%) ;
- des évaluations triennales de chaque cluster, mais aussi de la politique dans son ensemble ;
- un soutien spécifique à la coopération internationale et inter-clusters.
Là ou les clusters sont financés pour développer l'animation économique et favoriser les partenariats innovants, qu'ils soient de nature industrielle, commerciale ou technologique, les pôles de compétitivité sont essentiellement soutenus pour la réalisation de projets d'investissement, de R&D ou de formation en phase avec la stratégie de positionnement compétitif qu'ils ont eux-mêmes définis.